vendredi 11 mai 2012

Le paradis de l'oiseleur, avec Giorgio Caproni


L’oiseau

I, son visage,

(Et il faudra redescendre,
retourner peut-être à Rome.
Il faudra que je retourne
(peut-être) attendre qu’une colombe
blanche se pose, venue
d’une chanson à la radio,
se pose sur mon épaule épuisée.
Et enfin (enfin) je pourrais reposer
la plume, refermer la commode
dire à Rina, à mon fils et ma petite :
« C’est la fête ».)[1]


il y avait un visage
ce visage faisait une faute

là où il y a des mots
certains visages ne passent pas
surtout la nuit

(Expérience
Tous les endroits que j’ai vus
que j’ai visités,
maintenant j’en suis sûr :
ils n’ont jamais existé.)[2]


II, ses questions

comment va ta fille
celle qui est malade
qui va faire sa lessive ?

que feras-tu plus grande ?
(je changerai ma mère en oiseau)

qui seras-tu plus grande ?
(je serai une feuille de papier
accrochée au mur de sa maison)

Où range-t-on
ce qu’une petite fille a pensé ?
(vite un peu de papier plié replié :
la lessive de la pensée est protégée)




(Pieuse pensée

L’immensité de Dieu tient peut-être
à son inexistence ?)[3]



 Le paradis de l'oiseleur, poème de SD, publié aux édition POÏEN, 2012


[1] Caproni, idem
[2] Idem
[3] Caproni, O.C.

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