Je n'aime que la différence
Je tombe entre la buse et moi
Un cri m'arrache à la dispersion
L'aveu me retrouve
La suite odorante
Les escarpements et un cri
Où comme
Combien les peurs sont insatiables
Trop de clarté sur la rocaille
La descente dont l'écho s'immobilise
Une image que le vent a perdue
J'abandonne le fracas
Tu me fais fuir l'épouvante
J'écoute aveuglé j'écoute
La vitesse par bribes
L'espacement me reconnaît
lundi 2 février 2015
dimanche 1 février 2015
Jean-Gabriel Cosculluella: A Bernard Vargaftig
Nuidité de l'oubli
à Bernard Vargaftig
Nul ne meurt si pauvre qu’il ne laisse quelque
chose
Blaise Cendrars
Un même silence
Bernard Vargaftig
L'oubli reste au présent. Tu écris sous l'oubli, même si tu ne le nommes pas à tout bout de chant. Tu
sais, je le sais, il y a trop de mots encore, pour cela l'oubli nous reste au présent. Les mots
n'achèvent pas l'oubli, ils le portent au présent, à présent dans l'immédiat.
L'immédiat de ton visage absent. Il y a l'obstination de tes mots, leur silence, la respiration de leur
nuit, de leur jour, de leur nuit. Il y a un souffle dans tes phrases souvent brèves, serrées, resserrées,
tu retiens ton souffle dans la nuit, dans le jour, dans la nuit, il y a le bout du chant. Tu retiens ton
souffle derrière la maison des mots, dans la pente, vers le chant. Les lucioles ne disparaissent pas
tout à fait. Tu gardes ta peur d'enfant dans le vertige de la nuit, du jour et de la nuit échappés, toi-
même échappé de la nuit et du jour, jamais trop loin de la disparition. L'oubli, c'est oublier et ne pas
oublier, tu creuses un mot puis un autre, dans l'immédiat qui te reste et nous reste, pour le dire. Tu
regardes les lucioles, nous, tu gardes ton impatience dans le présent, nous. Nous, tes mots, noués.
Si pauvres qu'ils ne gardent quelque lumière. Dans un même silence.
Espace la clarté en pente (1)
Des mots qui tirent leur force
d'une menace serrée (2)
Pour un mot, un seul, puis un autre, seul, non seuls, pour une luciole, pour la lumière de quelque
luciole, dans le monde qui nous tient et comment y tenir ?, puis d'une autre luciole, tu gardes ton
impatience, nous, pour lire écrire dans le présent. Dans un même silence, toujours. Dans un même
manque. Si pauvres d'un mot, d'une luciole, de leur nuidité, c'est à la lettre, avec toi, nous faisons nu
avec le monde, avec rien, avec rien d'autre, avec le rien et son rien d'autre (3). D'un mot, nous
allons vers un autre. D'une luciole, vers une autre. Comment ne pas reprendre tes mots, dans
l'immédiat: nous nous inclinons vers le monde, le monde, à distance nue, dans les soulèvements,
dans un craquement d'ombre, comme respirer, trembler comme le souffle tremble, de face, lumière
qui siffe, de face (1)
La nuit bouge. Le jour bouge. Une poignée de terre dans chaque mot, une poignée de terre sous
chaque luciole. Là où le fini et l'infini se rejoignaient (4). Là où le fini et l'infini maintenant se
rejoignent.
A nu, dans la lumière. Ici même ou même ailleurs, il nous faut résister aux mêmes. N'est jamais
comme ton mot, n'est jamais comme ta phrase, haletants, précipités, si pauvres qu'ils ne gardent un
mot: lumière. Tout en silence. Pourquoi y bat ton mot ? Lumière. Est la nuit. Est le jour. Est la nuit.
Lumière. Si pauvre qu'il ne garde quelque luciole dans la nuidité de l'oubli.
Jean Gabriel Cosculluela
© jean gabriel cosculluela, 25 janvier – 2 février 2015
(1) Bernard Vargaftig
(2) Alain Veinstein
(3) Roger Munier
(4) Thomas Bernhardt
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