LA VOIX
Philippe Jaccottet
avec cette voix sourde et
pure un si beau chant ?
Serait-ce hors de la
ville, à Robinson, dans un
jardin couvert de neige ?
Ou est-ce là tout près,
quelqu’un qui ne se
doutait pas qu’on l’écoutât ?
Ne soyons pas impatients
de le savoir
puisque le jour n’est pas
autrement précédé
par l’invisible oiseau.
Mais faisons seulement
silence. Une voix monte,
et comme un vent de mars
aux bois vieillis porte
leur force, elle nous vient
sans larmes, souriant
plutôt devant la mort.
Qui chantait là quand
notre lampe s’est éteinte ?
Nul ne le sait. Mais seul
peut entendre le cœur
qui ne cherche la
possession ni la victoire.
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