Le poète Karla Olvera vient d'obtenir au Mexique le prix d'état 2012 d'Hidalgo, catégorie poésie pour son recueil Quand la neige tombe sur la Méditerranée. Nouvel extrait de son précédent ouvrage, La musique dans un tramway tchèque.
La troisième Matriochka est le wagon dans lequel circulent la danseuse Eduardowa, ses amis violonistes, Franz
Kafka et les autres voyageurs.
Elle, cheveux tout juste frisés, traits enfantins, corps athlétique beaucoup
plus robuste que celui des danseuses d’aujourd’hui, mouvements plein d’élégance
mélancolique. Pieds de princesses destinés à chausser les ballerines de cuir
les plus fines aux attaches de
satin, pour l’instant cachés dans des souliers de ville. Assise entre ses deux
musiciens.
Devant un tel trio, il est
difficile de ne pas évoquer Blonde Redhead, exquis groupe musical new-yorkais
dans lequel la chanteuse Kazu Makino
est japonaise et les deux autres musiciens, Amadeo et Simone Pace sont
des jumeaux d’origine italienne. Plus qu’imaginer la nationalité des deux
violonistes, il conviendrait d’exercer son imagination dans une direction tout
aussi excitante : découvrir, par exemple, quel morceau ils ont pu jouer
pour plaire à Eduardova, tandis que depuis le tramway on
apercevait le Château.
Avant tout autre morceau, le
premier mouvement du Concerto pour violon
et orchestre en Do mineur, opus 53 de Dvorjak : allegro ma non troppo,
étant donné qu’en 1910, il était déjà un des compositeurs tchèques les
plus célèbres. Curieusement, Dvorjak écrivit ce concerto, son second, pour le
grand violoniste Joseph Joachim peu de temps après l’avoir rencontré. Il en
termina la composition l’année suivante ; Joachim refusa de le jouer,
entre autres raisons, parce que le premier mouvement s’interrompait trop
brutalement. Le concerto fut joué à Prague par le violoniste Frantisek
Ondiricek en 1883, année où naquit
Frantz Kafka.
Traduction SD.
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