10
août
Montagnes
soleil
de fin de route
bien
arrivés
Au
téléphone tu dis
Je suis malade
Trois
mots
trois
tonnes d’argile
sans
émail
Moi
l’oiseau rieur
le
bec le cœur
en
une seconde
cloués
Quelques flèches d’ici
(pages)
Les flèches, toujours. On dit des oiseaux. Ce pourrait des souvenirs, de la nostalgie, ou simplement du temps. Tout se ressemble dans cette image. On ne sait plus ce qui vient ni s’en va. On ne voit, on n’entend qu’éclat, vitre qui étincelle, ciseaux qui coupent le fil, porte claquée. On cherche à esquiver, mais trop tard. L’instant brûle.
Jacques Ancet, Les travaux de l’infime.
Mon désir s’envole vers elle,
la nuit et dès que le jour luit,
mon seul secours est désir d’elle.
Jaufre Rudel, Chansons pour un amour lointain.
je suis la flèche et la corde.
cela qui traverse l’air chaud, compact d’un été, cela qui délicatement dissipe par son souffle la brume sur le Lot au lever, qui suit l’écoulement de l’eau, son cours lent dans la vitesse paradoxale d’un vers comme
projectif,
qui se poursuit de syllabe en syllabe, qui vise
le cœur adorable de l’été – va vers
toi.
qui vient.
et cela aussi qui vibre longtemps, qui pousse, permet
l’impulsion – la profération première.
ils lancent, d’un coup sec mais avec douceur, nonchalamment mais précis, le fil de pêche à l’eau
plusieurs mètres plus loin. deux garçons
et (plus tard sur la rive en face) un homme. ils lancent.
je vois ce simple geste de lancer
le fil de pêche
là où ils sont. plusieurs mètres
plus bas. ce geste si beau. que j’aimerais transposer
à mon poème. oui lancer des phrases
dans l’écoulement du monde.
ramener quoi. peu importe la prise,
au fond. seul compte le geste simple et beau
de lancer. parler.
et de même ce geste de tirer
des flèches vers toi. & par le poème là oui
te mouliner
jusqu’à moi
//
souvent j’ai visé le dur, l’intact réel, j’ai voulu
dire l’air compact et chaud
de l’été –
indéchirable.
recherche vaine, sans cesse
ajournée, illusoire – une voie
sans issue.
mais prenant le réel
des jours d’ici
dans des mots adressés
à toi, flèches
que je t’envoie
journellement – voilà que
il me semble
je l’atteins.
Ces pages sont prises à un « journal » écrit en juillet 2011 lors d'une résidence au Vieux Palais d'Espalion. Je les dédie, en signe de reconnaissance et d'affection, à celles et ceux qui ont permis cette résidence – aux amis du poème, aux amis tout court.
Yann Miralles
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