Leçon sur le banc,
à Bernard Vargaftig, 20 juin 2008
Il donne une leçon
Il compte les syllabes
Cela serre le dit
Cela lance la main
Je pose sur le livre
la main qui l’ouvre
ouvre le carnet
J’attends la phrase
Du livre ma phrase
Du livre l’inquiet
C’est de l’intérieur
C’est compter sur lui
Peut-on dire la tête
Se trouve l’esprit
où est la mémoire
ou est-ce l’oubli
J’ai su le ventre
Je sais bien les yeux
quelques fois l’ouïe
agissent-ils ensemble
Qui fait la phrase
et compter la syllabe
et l’harmonie seule
et la fait tomber
Justement ici
Immobilité
ça peut faire l’affaire
On en n’est pas fier
Justement pas juste
quand l’unique ne vient
d’un rapide trait
et d’une pensée
La pensée attend
Je la crois au bord
Sa pure syntaxe
qui tarde à venir
Où est la pensée
entre pieds et tête
Qui peut le dire
avec arrogance
Quelle machine ce corps
qui produit la phrase
que tous ne prononcent pas
Nous avons si peur
Le versant dense
et incompréhensible
Alors l’écrire
Ainsi la sauver
Permission du dire
hors conversation
Pure donnée de joie
de la rencontrer
Noter la phrase
venue de l’autre
la passer
Leçon sur le banc, in Lauriers, Jean de Breyne, 2008. Inédit.
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