vendredi 30 janvier 2015

7 février à la Petite Librairie: hommage à Bernard Vargaftig en présence de nombreux poètes et amis


Deux poèmes de Régis Lefort en hommage à Bernard Vargaftig



25 février 2009 – 10h34 / 11h32

À l’effacement
La présence survenue
Du versement de la nuit
Se donne l’altérité

Dès que serre la mort
Le soulèvement rejoint
Où la terre fait des plis
Jusqu’à l’arbre de Judée

La remontée du canal
Précipite vers le jour
La rencontre à l’inouï
Dont le ciel roux éclaire les eaux

25 février 2009 – 13h23 / 13h29

Vient l’effacement
Présence surgie
Comme le versement de la nuit
À l’altérité

Dès que serre la mort
Le soulèvement rejoint
Où la terre fait des plis
Jusqu’à l’arbre de Judée

La remontée du canal
Précipite vers le jour
La rencontre à l’inouï
Dont le ciel roux éclaire les eaux

lundi 26 janvier 2015

Un texte de Régis Lefort en hommage à Bernard Vargaftig




Ce que je n'oublie pas...

Bruna vient me chercher à la gare. Bernard est resté à la maison. Nous sommes en février 2009. Le jeudi 19 février 2009. Il fait froid. Le vent souffle sur le quai et sur Avignon. De Marseille à Avignon-Centre, il faut à peine plus d'une heure de train.
Quelque mois auparavant, en juillet 2008, j'ai participé au colloque de Cerisy-la-Salle consacré à Bernard Vargaftig et intitulé Avec les poèmes de Bernard Vargaftig, l'énigme du vivant. Le Château de Cerisy a ceci d'unique qu'on y prend le temps. Tout s'y déroule au son de la cloche qui rythme la journée. On prend le temps de parler, d'échanger ou de se taire quand, comme moi, on est mal assuré de sa parole.
J'ai souvent passé les repas en compagnie de Bernard Vargaftig qui, à cette époque, venait d'être équipé de prothèses auditives qui lui occasionnaient des sifflements et en conséquence des malaises. Il me disait que parler à quelqu'un en particulier lui faisait en partie oublier le brouhaha de la salle de repas. Nous avons parlé.
Nous avons sympathisé et Bernard m'a invité à venir passer une journée à Avignon. Entre Cerisy et ce jour de février à Avignon, je lui ai envoyé quelques uns de mes poèmes. L'avis d'un grand de la poésie est toujours exceptionnel quand il vous arrive.
Avec Bruna, nous traversons Avignon à pied. Nous voilà rue Buffon. La porte d'entrée du hall est vitrée et dessine dans ma mémoire un arc de cercle. Elle est aussi très lourde. L'appartement est lumineux. Depuis le séjour, il me semble qu'on voit un petit jardin. Je ne réalise pas bien les choses. Et certainement que c'est aussi bien comme ça.
Nous prenons l'apéritif dans le salon. À ce moment, Bernard sort les textes que je lui ai envoyés, une série de onze poèmes intitulés « Ce que je ne dis pas ». Il ne les trouve pas trop mal et me donne trois conseils. D'abord le titre : il choisirait « Que ne dis-je pas » à la fois plus énigmatique et plus ambigu. Ensuite, il me conseille de structurer l'ensemble en réfléchissant à comment passer d'un poème à l'autre pour que l'enchaînement soit le plus élégant possible. Enfin, il m'invite à transformer certains vers sous forme de question.
Avant le déjeuner, Bernard me montre quelques livres qu'il possède et qui sont rangés dans sa bibliothèque, dont Les Poètes d'Aragon. Il me lit la dédicace, qu'il me montre ensuite : « à Bernard / injustement ». Je la trouve lapidaire et énigmatique à la fois, je ne la comprends toujours pas bien aujourd'hui. Au moment où j'écris ces lignes, je suis en train de penser que j'ai peut-être consigné cette journée dans un de mes nombreux carnets ou cahiers. Si c'est dans un carnet, il y a quelque chance qu'il reste des traces, même partielles. J'ai dû, lors du trajet retour, dans le train, noter ce que ma mémoire défaillante oublie toujours trop vite... En effet, je retrouve le dit-carnet dans le tiroir d'un secrétaire. J'y lis, entre autres choses, que Hugo est une référence pour Bernard Vargaftig et ce point fondamental qui me frappe à la lecture : Bernard recopie tous ses recueils à la main pour Bruna.
Arrive l'après déjeuner, le moment secret, le moment clé. Bruna n'est pas conviée à la petite réunion que Bernard improvise en tête à tête dans son bureau, où nous entrons et dont il prend soin de fermer la porte. Il me montre des lettres de Reverdy et à nouveau quelques livres dont deux, magnifiques, qui sont des collaborations avec Jean Rustin pour l'un, avec Gérard Titus-Carmel pour l'autre. Puis il s'installe derrière son ordinateur, à son bureau, et il me dit : « Je vais vous montrer comment naît un poème. Je vais vous montrer en quelque sorte ma fabrique du pré. » Il commence par me rappeler que le premier vers est toujours le dernier du poème. Il écrit en remontant. Ainsi, m'explique-t-il, il creuse le sens de ce premier vers au lieu d'essayer de le dérouler. Dans le premier cas, le vers se fortifie de ce creusement, dans le second, il risque de s'affadir et perdre de son intérêt, de sa concision, de sa sauvageté. Chaque nouvelle version est datée, même si la reprise ne fait état que de changements minimes. Il me semble me souvenir qu'à la relecture à chaud du poème, si un mot ne paraît pas convenir, il le met en italique. Il reprendra plus tard. La disparition de l'italique signifie que le poème est arrivé à l'équilibre.
Je suis fasciné par cette technique de création qui ne laisse rien au hasard. En effet, un recueil de Bernard Vargaftig peut se lire « littéralement et dans tous les sens ». Je dois avoir l'air bête, c'est ce que je me dis à cet instant, impressionné par autant de méticulosité à écrire. Je me dis que j'ai encore du chemin à faire même si, en toute bonne foi, rien ne s'écrit sous ma plume qui ne soit pensé. Le train du retour est vécu, je ne le vis pas. Je suis vécu, je suis pensé. Je suis dans une rêverie, plongé dans le vers de Bernard Vargaftig, emportant, comme un enfant, un trésor. Le soir-même, je m'essaie à la technique Vargaftig. Je suis curieux de ressentir le processus qui se met en marche en commençant l'écriture du poème par la fin. Du 19 au 28 février, j'abîme finalement le premier essai. Puis deux mois se passent lors desquels chaque jour j'écris un nouveau vers ou je reprends des vers anciens laissés en italique. Bernard m'a ouvert non pas exactement à une technique, puisque finalement je finirai par l'abandonner, mais à plus de vigilance, plus de concision, toujours plus d'exigence.
Ces mots sont pour lui, pour son souvenir, et pour Bruna.

Régis Lefort
mardi 6 mars 2012



Pour Bernard Vargaftig, un poème de Jean de Breyne, Leçon sur le banc,






Leçon sur le banc, 

à Bernard Vargaftig, 20 juin 2008 



Il donne une leçon 
Il compte les syllabes 
Cela serre le dit 
Cela lance la main 

Je pose sur le livre 
la main qui l’ouvre 
ouvre le carnet 
J’attends la phrase 

Du livre ma phrase 
Du livre l’inquiet 
C’est de l’intérieur 
C’est compter sur lui 

Peut-on dire la tête 
Se trouve l’esprit 
où est la mémoire 
ou est-ce l’oubli 

J’ai su le ventre 
Je sais bien les yeux 
quelques fois l’ouïe 
agissent-ils ensemble 

Qui fait la phrase 
et compter la syllabe 
et l’harmonie seule 
et la fait tomber 

Justement ici 
Immobilité 
ça peut faire l’affaire 
On en n’est pas fier  

Justement pas juste 
quand l’unique ne vient 
d’un rapide trait 
et d’une pensée 

La pensée attend 
Je la crois au bord 
Sa pure syntaxe 
qui tarde à venir 

Où est la pensée 
entre pieds et tête 
Qui peut le dire 
avec arrogance 


Quelle machine ce corps 
qui produit la phrase 
que tous ne prononcent pas 
Nous avons si peur 

Le versant dense 
et incompréhensible 

Alors l’écrire 
Ainsi la sauver 

Permission du dire 
hors conversation 
Pure donnée de joie 
de la rencontrer 

Noter la phrase 
venue de l’autre 
la passer 

Leçon sur le banc, in Lauriers, Jean de Breyne, 2008. Inédit. 





dimanche 25 janvier 2015

Bernard Vargaftig à La Petite librairie le 7 février



Hommage à Bernard Vargaftig le 7 FÉVRIER à la Petite Librairie des Champs de Boulbon
à partir de 14 heures 30



dessin Michel Steiner


En présence de Bruna, son épouse, de nombreux poètes, amis et éditeurs de Bernard Vargaftig dont les éditions Collodion, Jacques Brémond, André Dimanche, nous nous retrouverons à la petite Librairie des champs de Boulbon pour évoquer le poète et son oeuvre.

La librairie sera ouverte à 14 heures 30

 Dès 15 heures nous projetterons le film de Cécile Vargaftig: Dans les jardins de mon père, mais aussi nous écouterons sa voix. Ce sera l'occasion d'un premier échange entre les participants.

A 16 heures 30, Michaël Glück, Claire Poulain et d'autres poètes liront des poèmes de Bernard Vargaftig.

A 17 heures Intervention par Régis Lefort à propos de l'oeuvre de Bernard Vargaftig.

A 18 heures vernissage d'une exposition de dessins de Michel Steiner.



A 19 heures: nouvelles lectures et table ronde animée par Michaêl Glück.



Repas partagé suivi d'une deuxième projection de Dans les jardins de mon père vers 21 heures.
Echange avec les éditeurs, les proches du poète et l'auditoire.

samedi 24 janvier 2015

Sauver Lodève et son festival de poésie!


au plus grand nombre de citoyens: sauver le festival de poésie Les Voix de la Méditerranée à Lodève 
Après les événements dramatiques que vient de subir notre pays, plus que jamais, le Festival de poésie des Voix Amies de la Méditerranée, moment fort de laïcité, de rencontres plurielles d'échanges multiculturels, de bien vivre ensemble ne peut disparaitre 
http://www.avaaz.org/fr/petition/au_plus_grand_nombre_de_citoyens_sauver_le_festival_de_poesie_Les_Voix_de_la_Mediterranee_a_Lodeve/?tcMKcbb

mercredi 14 janvier 2015

Clarté immense, la poésie de Bernard Vargaftig



Clarté immense
Ce goût du présent le buis les talus l'épervier
Alors que même où en moi le vacarme
Me détache de moi

Nos différences nous unissent
Les hauteurs se succèdent les précipices
L'oscillation
Dans le souffle que la musique dépose

Le désir touche les nuages
Pour les mêmes quelques mots
Connaissance et écartement tremblent
Autant que j'accepte la crainte


in Je n'aime que l'énigme, éditions Jacques Brémond, 2013

mardi 13 janvier 2015

Hommage à Bernard Vargaftig le 7 février à la Petite Librairie

JE N'AIME QUE L'ENIGME

Bernard Vargaftig à Equinoxe à Chateauroux en 2008


En présence de Bruna, son épouse, de nombreux poètes, amis et éditeurs de Bernard Vargafitg dont les éditions Collodion, Jacques Brémond, André Dimanche, nous nous retrouverons à la petite Librairie des champs de Boulbon pour évoquer le poète et son oeuvre. La librairie sera ouverte à 14 heures 30.

 Dès 15 heures nous projetterons le film de cécile Vargafitig: Dans les jardins de mon père, mais aussi nous écouterons sa voix. Ce sera l'occasion d'un échange.


A 16 heures 30, Michaël Glück, Claire Poulain et d'autres poètes liront des poèmes de Bernard Vargaftig.

Intervention par Régis Lefort à propos de l'oeuvre de Bernard Vargaftig.

A 18 heures vernissage d'une exposition de dessins de Michel Steiner.

A 19 heures: nouvelles lectures et table ronde animée par Michaêl Glück..

Repas partagé suivi d'une deuxième projection de Dans les jardins de mon père vers 21 heures.
Echange avec les éditeurs, les proches du poète et l'auditoire.